Koak - Artiste - Perrotin

Koak crée des portraits chargés d’émotion, représentant des personnages systématiquement imprégnés d’indépendance et d’une vie intérieure. En s’inspirant du vocabulaire visuel de la bande dessinée, le travail de cette artiste s’attaque autant aux hiérarchies du genre qu’à celles de la forme, en interrogeant les présupposés culturels les plus répandus sur l’identité et la nature humaine. La technique raffinée qui fait la réputation de Koak s’exprime dans un mark-making magnifiquement naturel, et démontre une dextérité et un savoir-faire rares et généreux.

On a ainsi pu dire des peintures de Koak que « malgré leur style graphique inspiré des bandes dessinées, [elles] explorent des thèmes qui vont bien au-delà des limites traditionnelles du médium tel qu’il s’est développé aux États-Unis. Au contraire, elle s’inspire d’éléments de l’animation japonaise et européenne, dans des œuvres qui traitent des attentes sociales […] Travaillant bien au-delà de l’échelle de la BD, Koak crée de vastes toiles dans lesquelles ses lignes simples mais très expressives se détachent sur une palette de couleurs pastel, qui rappellent l’univers Disney. Les [personnages] qu’elle peint sont pleins d’émotion, et repoussent […] l’identité par-delà les récits aux couleurs primaires que l’on associe habituellement à ce médium imprimé. » 1    

Les silhouettes que représente Koak « ne sont pas souvent basées sur des personnes en particulier, mais constituent toujours un portail pour relier l’universel et l’individuel ». L’artiste précise : « mon travail se fonde sur une volonté de parler de ce qui est universel, ou bien des réalités extérieures qui nous concernent collectivement, qui vont du monumental au trivial, par le biais d’un contexte intérieur. Parce que je crois qu’en reliant ces deux aspects, nous pouvons rendre l’interne ou le personnel universel à nouveau, tout en conservant sa délicatesse et ses nuances.

C’est un paradoxe qui m’intéresse, car lorsqu’on parle de [quelque chose de monumental], cela s’accompagne d’une sorte de simplicité : l’objet devient trivial par son universalité, sa fréquence, sa présence sous-jacente dans chaque aspect de nos vies, depuis nos corps […] jusqu’à nos pensées ou à l’amour […] et lorsque nous évoquons quelque chose qui semble trivial, nous parlons aussi des plus grandes questions sociales, depuis les rôles de genre jusqu’à la classe et aux privilèges. Mon travail recherche l’expression symbolique de ces thèmes, sachant qu’ils sont universels, en espérant qu’ils fassent émerger chez le spectateur une conversation avec sa propre réalité vécue et très personnelle, mais également sur la façon dont ces symboles nous relient au monde que l’on partage tous. »

Les lignes marquées dans les peintures et dessins de Koak (qui se retrouvent aussi dans ses sculptures, souvent présentes dans ses expositions), est pour elle « un hommage à la bande dessinée et l’expression de [s]on amour pour sa capacité à communiquer des réflexions complexes par une simplicité nuancée. »

Koak formule l’hypothèse suivante : « Parfois, dans mon travail, je considère la ligne comme le langage et le ton de l’œuvre […] La ligne a le potentiel de devenir une fenêtre d’impact que j’ouvre, dans l’espoir que le spectateur puisse s’y glisser et y reconnaître sa propre expérience. Pour moi, une grande partie de l’art consiste à communiquer au-delà des trous noirs du dialogue ou à travers eux, et je crois que la faculté de la ligne à être facile d’utilisation tout en constituant une voix discrète en fait l’un des outils les plus puissants à notre disposition pour transmettre toute l’intensité de la vie, là où le langage ne le peut pas. »
 
1 Claire Frost, New Time: Art and Feminisms in the 21st Century (University of California Berkeley Art Museum and Pacific Film Archive, 2021), p. 192.