Goûts simples, Bonne santé (texte rouge) :
Brun ondulé 50 ans bien physiquement épouserait blonde naturelle dévouée 40 ans. Parisien grisonnant, 1,60 m, poids proportionné, meilleur monde, défauts mineurs, désire vivre plus près de la nature avec épouse toute simple née en novembre ou en mars. Dot inutile, richesse du coeur suffit. Offre : très grand physiquement, moyen dans autres domaines. Recherche harmonie physique et intellectuelle. Hautaines vulgaires incapables s’abstenir. Inventeur pauvre abandonné malheureux seul, moeurs exemplaires, appelle à son secours femme de coeur irréprochable ni fardée ni mondaine. Accepte personne misérable. Sujet intelligent mais compliqué, susceptible de s’améliorer, passé net excellente famille, 45, 85 000, propriétés, auto, correspondrait avec brune peau mate bien faite, jolie le plus possible, rêveuse. Prosaïques s’abstenir. Saxophoniste 25 ans épouserait jolie accordéoniste. Africain noir désire mariage. Arboriculteur de bonne famille épouserait jeune fille formation d’intérieur possédant terrain région Sud- Ouest. 4 millions, aimerait compagne robuste, sans infirmité visible, un peu intellectuelle, ayant grâce, distinction, jolie chevelure, gentille voix. Préférence cordon-bleu. Références exigées. 35 ans, situation santé et intelligence moyennes, isolé, aimant, épouserait femme goûts simples – de 35 ans Vae soli (malheur à l’homme seul). Frisant quarantaine recherche compagne simplement sympa adroite économe même provinciale. Fortune indifférente si qualités compensatrices. Frivoles obèses pratiquantes inconstantes compliquées s’abstenir. Ingénieur 40, vif, spirituel, intrépide, blasé de rien, qualités rares développées à l’extrême, s’étant créé avenir d’aisance, ayant villa, auto, cherche femme d’intérieur + jeune, bien élevée, simple, excellente santé. Facteur pauvre correspondrait avec jeune fille sérieuse. Architecte 50 épouserait gentille jeune femme goûts simples habitant ville sinistrée ou ayant relations. Prendrait veuve divorcée ou autre jusqu’à 35 ans Manufacturier 24 foncièrement catholique, stock 8 millions liquide 5, épouserait milieu similaire. Santé exigée. Inspecteur SNCF épouserait fille agent SNCF sérieuse pouvant fournir références. Aventurières divorcées infirmes s’abstenir. Âme profondément malheureuse, sentimental, pas méchant, poli, détestant bal, café, maquillage, discussions. Bonheur inconnu. Aimerait dame simple, ménagère, loyale, compréhensive, discrète, dévouée, courageuse, croyante, ne pratiquant ni orgueil ni mensonge. Accepterait légère imperfection physique. Mutilé millionnaire 55, qualités physiques pour rendre femme heureuse et lui offrir bonheur parfait. Maigres, nerveuses, disgracieuses s’abstenir. Pas jolie, inutile. Existe-t-il une brave Française 45-50, sans enfants, désirant refaire vie avec monsieur 60, physique moyen, claudication, ayant commerce (chaussures), auto, bon coeur ? Fonctionnaire finances Paris, démobilisé, quarantaine, avoir, épouserait limitrophes, beau buste, bonne constitution, très bien faite, sans lunettes, petite instruction utile. Cherche femme forte potelée peau satinée rose féminine idées larges désireuse rejoindre colonies. Vulgaires autoritaires commères s’abstenir. Appel véhément. Las solitude, avide tendresse. Quelle demoiselle française, âge non bréhaigne, cultivatrice, bel idéal chrétien, avoir ou propriété, se dévouerait loyalement à agriculteur esseulé, âge avancé, pauvre, revers, grandeur d’âme, noblesse sentiments Self-made-man sans fortune, 33, physique sympathique, caractère enthousiaste, résolument révolution nationale par idéal, recherche JF de même en bonne santé. Technicien aimable, cultivé, pratiquant tonnellerie, hydrologie, mécanique, forge, épouserait fille propriétaire, catholique, blonde, simple, bonne santé. Colonial, dégoûté société actuelle, 33, désire connaître JF blonde, 1m55, 25-28 ans, belle âme, grand coeur, même santé délicate mais absolument pauvre. 35, unijambiste, ayant emploi cordonnier, agile malgré infirmité, n’ayant jamais connu affection, désire rencontrer Provençale 25 ayant souffert moralement. 40 paraissant 35, très compréhensif, avoir, marchandises, nombreux outils, épouserait jeune femme bonne santé, bien faite, blonde, forte poitrine seule condition essentielle. Rhône préférence. Veuf sans famille, 300 000 espèces, 74 ans passés mais d’aplomb, sans infirmité ni tares ni vices, caractère idéal, coeur d’or, d’idées point rétrogrades, aspire assurer bonheur à veuve 60-70, digne et capable d’un amour profond, conduite irréprochable et caractère enjoué. Bonne condition physique exigée. Malades s’abstenir. Enquête discrète avant réponse. Attendre.
À l'affut, 2017-aujourd'hui
En 2017, Sophie Calle a initié une réflexion socio-historique sur la transformation des critères et des attentes des hommes et des femmes dans leur recherche d'un partenaire amoureux. Elle a collecté des annonces publiées sur des sites de rencontres de 1895 à récemment. Dans la série permanente À l'affut de Sophie Calle, chaque œuvre se compose de deux annonces de la même décennie, l'une rédigée par un homme et l'autre par une femme, et de deux photographies : l'une représente un lieu de la chasse, l'autre une proie. Le spectateur peut librement associer chaque image à l'annonce féminine ou masculine, remettant ainsi en question la perception traditionnelle et sexuée de la recherche de partenaires hétérosexuels. Dans ce panorama de la recherche de partenaires à travers le XXe et le début du XXIe siècle, l'artiste conceptuelle illustre magistralement l'évolution de l'importance des préoccupations liées à la richesse et au statut social vers l'importance désormais accordée à la proximité géographique et à la mobilité des partenaires potentiels. À l'affut, un tissage poétique de textes et d'images caractéristique de la démarche artistique de Sophie Calle, montre comment la quête apparemment très intime et personnelle de l'autre est profondément contingente aux conditions sociales et historiques.
Ce portrait à part entière de la recherche du partenaire dans la modernité fait suite à plusieurs œuvres de Sophie Calle sur le thème de l'amour et de ses déboires. Sa première œuvre majeure traitant de ce thème est Douleur exquise (1984-2003), une série de photographies racontant les jours précédant une rupture douloureuse et ceux ouvrant la voie à sa guérison. Depuis lors, elle a notamment présenté Prenez soin de vous à la Biennale de Venise en 2007. Pour cette dernière œuvre, elle a demandé à 107 femmes de différentes professions d'interpréter une lettre de rupture, dévoilant une fois de plus les prismes sociaux qui interfèrent dans cette expérience apparemment personnelle et intime.