«La Montagne a été créée par Germaine Richier de terre, de plâtre, de bois ramassés travaillés, adaptés à sa création en terre. Elle fera partie des oeuvres qui n'avaient pas encore été montrées et qu'elle présentera pour la première fois au Musée National d'Art Moderne de Paris en 1956. Elle m'en avait fait le dessin sur la plage des Saintes-Maries-de-la-Mer et m'avait dit : "Je suis en train de faire une très grosse pièce pour mon exposition. Lorsqu'elle sera fondue, il faudra en faire un photomontage devant la mer." Elle fera poser Nardone pour le dos du personnage le plus important. La Montagne avait représenté un très gros travail de mise en place, des ajustements compliqués où le fil à plomb devait toujours sortir vainqueur. Son mouleur, après en avoir réalisé le plâtre original, était venu aider Germaine Richier. Pour poursuivre son idée de mobilité dans sa sculpture, elle avait fait en sorte que sa Montagne soit démontable, ne serait-ce que pour la rendre plus maniable. Les coupes seront étalées dans le jardin pour en étudier l'idée. Elle se démontera en trois parties. Les deux personnages seront reliés l'un à l'autre par un trou au bas de la vasque du personnage le plus grand. Son bras gauche pourra être enlevé et remis en place par un système de clavettes. Dans la vasque du torse, elle fera faire un trou d'évacuation pour que l'eau s'écoule au cas où la pièce se trouverait à l'extérieur. Elle la présentera à son exposition en 1956, en bronze naturel nettoyé. Elle peut être aussi patinée foncé mais là, Germaine Richier souhaitait cette masse dorée au milieu de ses autres bronzes foncés, pour apporter un élément de couleur. La Montagne , dans son union de l'homme avec la nature, nous fait penser aux dialogues passés de Germaine Richier avec ses formes fortes, ses formes minces et nous rappelle aussi la vie de ses fils, dont un représenté par ce long bois flotté trouvé sur la plage des Saintes-Maries-de-la-Mer, qui réunit les deux personnages. Mais cette oeuvre, avec sa puissance, sa beauté, et son inspiration n'exprime-t-elle pas aussi le combat de la vie, le courage, la générosité du sculpteur, avec aussi le mystère de la pensée de l'artiste ? "Pourquoi ce titre ?" avait demandé le critique d'art Denys Chevalier, qui était venu lui rendre visite à l'atelier avant son exposition. "C'est un peu un sommet, avait-t-elle répondu." Ce "sommet", parmi tant d'autres dans son oeuvre, qui semblait expliquer un certain aboutissement, allait peut-être marquer une autre direction dans son oeuvre où elle allait faire "autre chose", comme cela s'était si souvent passé dans sa vie. Entre 1957 et 1959, dans le Midi, elle me disait bien souvent : "Lorsque je rentrerai, je veux bouleverser ma sculpture, faire autre chose." » F. Guiter, extrait du catalogue d'exposition Richier , Venice: Peggy Guggenheim Collection, 2006, p. 48
Expositions : Paris, Musée National d'Art Moderne, Germaine Richier , October - December 1956, no. 77, pl. XII, XIII (another example illustrated, another example on the cover). Paris, Musée Rodin, Sculpture Française contemporaine et de L'Ecole de Paris , no. 52, pl. XIV (another example exhibited). Antibes, Musée Picasso, Germaine Richier , July - September 1959, no. 63 (another example exhbited). Venice, Palazzo Grassi, Centro Internazionale delle Arti e del Costume, Dalla natura all'arte , 1960, no. 4 (another example illustrated). Zürich, Kunsthaus Zürich, Germaine Richier , June - July 1963, no. 85 (another example exhibited). Paris, Grand Palais, Jean Paulhan à travers ses peintres , February - April 1974, no. 677, pl. XXIII (another example illustrated). Humlebæck, Louisiana Museum of Modern Art, Germaine Richier , August - September 1988, no. 34 (another example exhibited). Saint-Paul, Fondation Maeght, Germaine Richier: Rétrospective , April - June 1996, no. 88, pp. 159-165 (another example illustrated in color with details and in the artist's studio). Bremen, Gerhard-Marcks-Stiftung, Germaine Richier: allein das Menschliche zählt , November 2007 - February 2008, pp. 37-38 (another example illustrated). Bern, Kunstmuseum Bern, Germaine Richier: Rétrospective , November 2013 - April 2014, no. 74, pp. 142-143 (another example illustrated in color).
Bibliographie : PROVENANCE: The Estate of the Artist MUSEUM COLLECTIONS: Fondation Maeght, Saint-Paul, France Musée National d'Art Moderne, Centre Georges Pompidou, Paris, France Sprengel Museum Hannover, Hanover, Germany LITERATURE: W. George, "Germaine Richier," Prisme des arts , Paris, April 1956, no. 2. B. Milleret, "Envoûtement de Germaine Richier," Les Nouvelles littéraires , Paris, October 11, 1956. A. Chastel, "Au musée d'Art moderne:' Germaine Richier: la puissance et le malaise'," Le Monde , Paris, October 13, 1956. B. Butler, "Art and Artists, 'International Museum Week'," New York Herald Tribune , Paris, October 17, 1956. D. Chevalier, "Sculpture Encore: 'Dans son atelier, vaste forêt de platres et de bronzes, Germaine Richier, chef d'école, sculpte les grands mythes sylvestres'," Femme , Paris, October-November 1956, pp. 81-83 (another example illustrated). G. Limbour, "La vie des arts, 'Le pouce de Germaine Richier'," France Observateur , Paris, November 1, 1956. P. Chatard, "Sculpture: 'Germaine Richier," Nouvelle gauche , Paris, November 18 - December 1956. M. Conil-Lacoste, "Chroniques: 'Germaine Richier ou la confusion des règnes," Cahiers du sud , Marseille, February 1957, pp. 307-311. G. Limbour, "Personnages imaginaires," Lettres nouvelles , Paris, June 17, 1959, pp. 31-32. R. Charmet, "Germaine Richier: une oeuvre d'une humanité déchirée," Arts , Paris, August 5-11, 1959. C. Roger-Marx, "Cette héritière inspirée des grands maîtres, Germaine Richier," Le Figaro littéraire , Paris, August 8, 1959. M. Seuphor, "Germaine Richier," La sculpture de ce siècle, dictionnaire de la sculpture moderne , Griffon, Neuchâtel, 1959, pp. 109-118 and pp. 225-353. J. Cassou, Germaine Richier , New York: Universe Books, 1961. H. Debrunner, "Die Plastikerin Germaine Richier: Große Retrospektive im Kunsthaus Zürich," Züricher Spiegel , Zürich, June 20, 1963. R. Dor de la Souchère, "Préface," Germaine Richier (1904-1959) , Paris: Galerie Creuzevault,1966. R. Varia, "Un poet tragic," Secolul 20 , Bucharest, Winter 1968, no. 3. E. Crispolti, Germaine Richier, I maestri della scultura , Milan: Fratelli Fabres, 1968, no. 65, pp. 50-52. M. Conil-Lacoste, "Richier," Nouveau dictionnaire de la sculpture moderne , Paris: Fernand Hazan, 1970, pp. 262-264. J. Paulhan, "Dix lettres à Marcel Jouhandeau: 'Touchant Germaine Richier'," Jean Paulhan a travers ses peintres , exh. cat., Paris: Musées Nationaux, no. 58, p. 72. J. M. Dunoyer, "Jean Paulhan à travers ses peintres," Le Monde, Paris, February 7, 1974. Brassaï, "Germaine Richier," Les Artistes de ma vie , Paris: Denoël, Paris, 1982, p. 178. I. Jianou, G. Xurigura, and A. Lardera, "Germaine Richier," La Sculpture moderne , Paris: Arted, 1982, p. 178. P. Restany, "L'objet de la chair," Les années 50 , exh. cat., Paris: Centre Georges Pompidou, 1988, pp. 234-239. P. Restany, "Germaine Richier le grand art de la statuaire," Germaine Richier , exh. cat., Humlebæk: Louisiana Museum of Modern Art, pp. 8-17. E. Lebovici, "Lieux: 'L'atelier de Germaine Richier vu par Pierre-Olivier Deschampes'," Beaux-arts magazine , Paris, November 1989, no. 73, pp. 94-99. F. Montreynaud, "Germaine Richier, L'Ouragane," Le xx siècle des femmes , Paris: Nathan, 1989, pp. 366-367. I. Gale, "Inside the bronze menagerie: 'Germaine Richier's sculptures were half insect, half-human. Iain Gale visits the studio of an outsider in post-war Paris'," The Independent , London, June 8, 1993.