Original text of the work
Parce qu'il avait quatre-vingt-quatorze ans et que je savais qu'il ne nous restait pas beaucoup de temps
Parce que je l'ai croisé à la FIAC et que j'ai songé que bientôt je ne surprendrais plus son élégante silhouette dans les manifestations d'art contemporain
Parce que j'étais toujours joyeuse de le voir et que je voulais garder une trace de cette rencontre
Parce qu'il portait la casquette qui lui allait si bien
Parce qu'il avait le doux sourire et le regard malicieux, bienveillant, et pas dupe, des bons jours
Parce qu'il était devant le tableau d'un artiste qu'il admirait
Parce que sur cette œuvre il était écrit : SILENCE Parce qu'il rechignait à se faire photographier, à cause de sa bouche qu'il n'aimait pas, et que je possédais peu d'images de lui
Parce que j'avais deviné qu'il se laisserait faire, parce que la FIAC, et le SILENCE au-dessus de sa tête et sa fille qui le désirait, c'était suffisant pour ne pas résister Parce que j'ai vu que ce serait un des plus jolis portraits qui me resterait de lui
Parce que j'avais le pressentiment que ce serait probablement la dernière fois de quelque chose
Parce qu'il me fallait plus de souvenirs
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Translation of the work in English
Because he was ninety-four and I knew we didn’t have much time left
Because I ran into him at FIAC and thought that soon I’d no longer catch sight of his elegant person at contemporary art events
Because I was always elated to see him and wanted to save a trace of this encounter
Because he was wearing the cap that looked so good on him
Because he had the soft smile and impish, kind and knowing expression of the good days
Because he was standing in front of the work of an artist he admired
Because on that work was the word SILENCE
Because he avoided being photographed, as he didn’t like the shape of his mouth, and because I had so few photographs of him
Because I knew he would go along with it, because it was FIAC, and there was that SILENCE above his head, and his daughter wanted it, it was enough to give in Because I saw that it would be one of the finest portraits of him that would be left to me
Because I felt that it would probably be a last time of some kind
Because I needed more memories
- Dead End, Chateau Lacoste, Le Puy-Sainte-Réparade, France, 2018
- Beau doublé, Monsieur le marquis ! Sophie Calle et son invitée Serena Carone, Musée de la Chasse et de la Nature, Paris, France, 2017