Vue de l'exposition de Mathilde Denize 'Never Ending Story' à la galerie Perrotin, 2023. ©DENIZE/ADAGP, Paris, 2023. Photo: Claire Dorn. Courtesy of the artist and Perrotin
7 janvier - 11 mars 2023
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Paris
76 rue de Turenne
75003 Paris France

La galerie Perrotin de Paris est heureuse de présenter la première exposition personnelle de Mathilde Denize à Paris. Déployant un ensemble de nouvelles peintures et installations, Never Ending Story fait suite à l’exposition de l’artiste au Centre d’art contemporain d’Alfortville La Traverse en mai 2022 et à son exposition personnelle à Perrotin New York fin 2021.

Vue de l'exposition de Mathilde Denize 'Never Ending Story' à la galerie Perrotin, 2023. Décor mural original par Mathilde Denize- édité par la maison Bien Fait.bien-fait-paris.com ©DENIZE/ADAGP, Paris, 2023. Photo: Claire Dorn. Courtesy of the artist and Perrotin

Un parapluie de femme égaré gisait sur le trottoir et à quelques pas un gant avait été oublié sur un banc. La nuit de Paris se gonflait d’ombre et ces objets perdus prenaient un air de complicité.

— Philippe Soupault, Les Dernières Nuits de Paris, 1928.

Mathilde Denize s’est emparée de la peinture le jour où, estimant que certaines de ses toiles profiteraient d’un plus bel horizon, elle décida de les séparer des châssis. Dès qu’elles furent libérées de ce cadre de bois qui sert à l’envers de support et de tension, ses peintures s’envolèrent comme les linges pendus au bord du gouffre des fenêtres. De son propre aveu, ce qui n’était que formes et figures non abouties, ou précisément trop abouties parce que trop captives, se fit métrages décomplexés du châssis auquel ils se trouvaient jusqu’alors circonscrits.


Parallèlement, elle se plaisait à collecter, à ramasser où qu’elle soit ces objets de rebut et de rue que les autres méprisent et abandonnent. Esquintés, amochés, brisés et incomplets, ces objets touchaient par une sensibilité née de leur exil. Bannis du quotidien domestique, ils reprenaient un semblant de vie en son atelier. Forme à chapeau sauvée, feuilles recroquevillées, échantillons de papier délaissés – protectrice de leurs souvenirs en lambeaux, Mathilde Denize les assemblait et, d’un lien, un élastique, un bout de ficelle de fortune, elle fabriquait un pansement bienveillant.

Suspended (detail), 2022. Oil, pigments and acrylic paint on canvas, vinyl, felt, shell, 195 × 235 cm | 763/4 × 921/2 in. ©Mathilde Denize / ADAGP Paris, 2022. Courtesy of the artist and Perrotin.

Découper, non pour détruire les toiles et les peintures mais pour observer les formes résiduelles qui pourraient émerger en conséquence, alternait avec cette collecte recréative. Ces morceaux et ces fragments allaient bientôt épouser les objets de rien avec évidence. L’agrégation des formes peintes morcelées, assemblées avec peu de moyens en des sensations vestimentaires comme oubliées au portemanteau, soulignait le caractère d’absence qui unissait les objets abandonnés. Dans cet à peu près, Mathilde Denize se trouva tout entière. Les cimaises ne seraient plus, plus seulement celles qui étaient attendues, les cloisons blanches en usage. Le corps serait un socle. Sa pratique serait multiple.

Peinture, sculpture, performance et installation ne suffiraient pas à définir cette géographie artistique devenue sienne où la précarité des moyens mis en oeuvre dicterait sa trajectoire. Toile à patron ou toile de peintre ? Telle apparaît l’interrogation portée par les deux oeuvres de 2020, Relief for her et Body Keep. Dans l’une et l’autre, il s’agit d’huile peinte sur de la toile de coton. La typologie d’une veste à peine modélisée est bien reconnaissable dans les deux cas. Cela ne fait pas d’elle pour autant l’instrument d’une garde-robe.

« Mon travail reflète une certaine féminité et offre une vision complexe du corps féminin : une armure, une figure grotesque, des figures fragmentées, une effigie. Ses différents aspects et possibilités sont visibles à travers toutes ses formes. »

— Mathilde Denize pour Forbes, 2021
Mathilde Denize dans son studio. Courtesy of the artist and Perrotin

Les oeuvres peintes de Mathilde Denize frôlent les habitants mous des placards et des penderies sans jamais adopter tout à fait leur territoire. L’art à porter de Mathilde Denize est plus volontiers héritier des pratiques artistiques de Kurt Schwitters ou de Robert Filliou quand il s’agit de fragilité d’assemblage et de matériaux pauvres.

« La beauté de l'œuvre réside dans la liberté du spectateur à faire appel à son imagination, de percevoir la forme à travers sa propre expérience et qui peut être infiniment malléable. »

— Mathilde Denize pour Forbes, 2021

Mathilde Denize fut un temps peintre de décors, notamment pour le cinéma. Cela n’est pas anodin. Ses costumes épars, de fantaisie picturale tissée, sont aussi l’aveu de l’admiration qu’elle voue au réalisateur d’origine arménienne Serguei Paradjanov, et plus particulièrement à l’un de ses films, Sayat Nova. Suspendus au mur comme sur une patère ou un portemanteau, confondus sur un corps qu’ils n’habillent pas tout à fait, les vêtements peints de Mathilde Denize crient l’isolement et l’absence.


Cette archéologie sensible et poétique, instable, que Mathilde Denize recèle, collecte, accumule, découpe et assemble comme un papier peint en recomposition constante constitue désormais son terrain de jeu et de création.

"NEVER ENDING STORY" AT PERROTIN PARIS
PODCAST
Mathilde DENIZE

Née à Sarcelles, France
Habite et travaille à Paris, France

La pratique de Mathilde Denize est orientée vers la peinture, le travail d'installation, la composition sculpturale, la performance et la vidéo. Le travail de Denize est né d'une volonté de faire émerger du sens d'un présent fragmenté. Collectionneuse d'objets mis au rebut, elle découpe souvent ses anciennes peintures puis les tisse sous de nouvelles formes avec des matériaux trouvés. Ainsi, de nouvelles œuvres naissent des vestiges du passé, métaphore de l'existence compliquée de l'être humain. Inspirée par de grands artistes expérimentaux, comme Carolee Scheemann, elle utilise autant le corps que la peinture. Ses vêtements, qui ressemblent souvent à une forme féminine sexualisée, servent à la fois d'armure et de camouflage. Ses peintures sont un journal ouvert, ponctuant et dialoguant avec ses sculptures. Par une gestuelle subtile, Denize constitue un ensemble de formes oubliées et anonymes, témoins d'une archéologie contemporaine.



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