Dans la tête de Balthus
BALTHUS, Jean-Siméon CHARDIN, Jean-Baptiste Camille COROT, Gustave COURBET, Malù DALLA PICCOLA, Eugène DELACROIX, Jean-Philippe DELHOMME, André DERAIN, Jens FÄNGE, Théodore GÉRICAULT, Alberto GIACOMETTI, Laurent GRASSO, Antoine-Jean GROS, Francis GRUBER, Charles HASCOËT, Jean-Auguste-Dominique INGRES, Alain JACQUET, Klara KRISTALOVA, Elladj LINCY DELOUMEAUX, Aristide MAILLOL, Danielle ORCHARD, GaHee PARK, Pierre PUVIS DE CHAVANNES, CHEN Ke, maxime BIOU
group show
Curateur : Edwart Vignot, Isotta Bosi
6 - 29 juillet 2023
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PARIS
8 avenue Matignon
75008 PARIS France

L’exposition Dans la tête de Balthus à Perrotin Matignon 8, proposée par Edwart Vignot, présente un regard sur les processus créatifs balthusiens, perceptible aussi bien au travers d’archives filmées en 1993 que les oeuvres des artistes du XIXe siècle qui furent ses maîtres, ou celles de ses contemporains qui furent, parfois, ses compagnons de route. Ces inspirations croisées se tissent jusqu’à la période contemporaine, évoquée dans le parcours de l’exposition, et qui témoigne de la permanence de l’influence de Balthus.

Vue de l'exposition "Dans la tête de Balthus", sous le commissariat d'Edwart Vignot et Isotta Bosi, à Perrotin Matignon 8, Paris, 2023. Photo: Nicolas Brasseur. ©ADAGP 2023. Courtesy of all the artists and Perrotin.
Vue de l'exposition "Dans la tête de Balthus", sous le commissariat d'Edwart Vignot et Isotta Bosi, à Perrotin Matignon 8, Paris, 2023. Photo: Nicolas Brasseur. ©ADAGP 2023. Courtesy of all the artists and Perrotin.
Vue de l'exposition "Dans la tête de Balthus", sous le commissariat d'Edwart Vignot et Isotta Bosi, à Perrotin Matignon 8, Paris, 2023. Photo: Nicolas Brasseur. ©ADAGP 2023. Courtesy of all the artists and Perrotin.
Vue de l'exposition "Dans la tête de Balthus", sous le commissariat d'Edwart Vignot et Isotta Bosi, à Perrotin Matignon 8, Paris, 2023. Photo: Nicolas Brasseur. ©ADAGP 2023. Courtesy of all the artists and Perrotin.

« Quand j’ai fini mes peintures, j’en mets les dessins préparatoires par terre et je leur marche dessus jusqu’à ce qu’ils soient effacés. »

— James Thrall Soby, Balthus, New York : Museum of Modern Art, 1956, p.4

Cette déclaration de Balthus, faite à l’occasion de sa rétrospective au MoMA en 1956, évoque la facétie du peintre et le mystère dont il se plaît à entourer son oeuvre. Ses nombreux dessins et carnets, lorsqu’ils résistent à l’effacement, sont une fenêtre ouverte sur l’atelier. C’est le cas du carnet de croquis à l’origine de l’exposition de la galerie Perrotin, où se lisent les inspirations de l’artiste, la discipline de l’étude, les modèles qui s’installent dans la pose et la maturation du processus créatif.

Né en 1908 à Paris, Balthazar (dit Balthus) et son aîné (l’écrivain Pierre Klossowski) passent leur enfance dans un milieu cosmopolite Mittleuropa entre la France, l’Allemagne et la Suisse. Sous le patronage du poète Raina Maria Rilke, il publie en 1921 Mitsou, son premier « roman sans paroles ». Après une formation aux côtés de la sculptrice Margrit Bay, Balthus s’installe à Paris en 1924. Son apprentissage artistique se poursuit par la copie des maîtres : Géricault exposé à la Galerie Charpentier en 1924 et dont il admire le portrait de Louise Vernet au chat au Louvre (il y copie également Poussin), ou Piero della Francesca qu’il étudie, sur le motif, à Arezzo deux ans plus tard. Puis la reproduction prend le relai de l’observation directe : il dessine deux Géricault en 1928 et 1938 ; des oeuvres de Goya, Rubens, et Michel- Ange, dans un même carnet en 1937, deux Courbet dans les années 1940 ou encore une aquarelle de Bonnard et une gravure de Hogarth. Parmi ses maîtres, on retrouve encore Ingres dont il admire la « probité » du dessin, et Delacroix dont la palette, autant que l’imaginaire romantique, l’émerveille.

Son entrée en art lors de l’exposition à la Galerie Pierre en 1934 l’introduit dans le milieu artistique parisien de l’entre-deux-guerres. Il y côtoie notamment Derain – dont il fait le portrait en 1936 –, Giacometti ou encore Gruber. Après la guerre passée en Suisse où il rencontre André Malraux, Balthus renoue avec son activité de décorateur et costumier pour le théâtre, notamment auprès de Camus. Des années 1930-1950 datent les chefs-d’oeuvre de l’artiste : La Rue (1933), La Leçon de guitare (1934), La Montagne (1937), La Chambre (1947). En 1953, il acquiert le Château de Chassy dans le Morvan, où ont été réalisés et conservés certains des dessins montrés dans cette exposition.

La postérité de Balthus doit beaucoup à sa posture à contre-courant et à son iconographie, qu’il importe aujourd’hui de regarder sans feindre d’en ignorer l’érotisme. En 1980, le spécialiste de son oeuvre Jean Clair l’intègre dans une exposition du Centre Pompidou sur les « Réalismes » : ce « mouvement général de retour à la figure et au réel, souvent influencé par la tradition classique ». Les prolongements de ce mouvement sont aujourd’hui présentés à la galerie Perrotin.

GaHee Park. Game with Bug, 2023. Color pencil on paper. 23.8 × 2.5 cm | 9 3/8 × 11 3/8 in. Photo: Guillaume Ziccarelli. Courtesy of the artist and Perrotin.

L’exposition, proposée par Edwart Vignot, présente un regard sur les processus créatifs balthusiens, perceptible aussi bien au travers d’archives filmées en 1993 que les oeuvres des artistes du XIXe siècle qui furent ses maîtres, ou celles de ses contemporains qui furent, parfois, ses compagnons de route. Ces inspirations croisées se tissent jusqu’à la période contemporaine, évoquée dans le parcours de l’exposition, et qui témoigne de la permanence de l’influence de Balthus. Les portraits réalisés d’après documentation photographique de l’artiste Chen Ke évoquent ainsi les corps de la Neue Sahlichkeit autant que la solitude des personnages balthusiens, perceptible également dans les nus absorbés de Maxime Biou.

Peintre des intérieurs clos aux atmosphères inquiétantes, Balthus dispose ses figures dans des compositions dépouillées auxquelles les collages aux connotations surréalistes de Jens Fänge font échos ; tout comme les personnages solitaires d’Elladj Lincy Deloumeaux ou Amphibie social de Malù Dalla Piccola, à l’onirisme qui s’en dégage. Les natures mortes de Jean- Philippe Delhomme, ses femmes étendues et sa série sur les réserves d’Orsay viennent puiser aux mêmes sources que celles de Balthus. C’est également le cas d’Alain Jacquet lorsqu’il rejoue une étrange version de La Source d’Ingres.

Pour suivre en aval le cours de cette source balthusienne, la galerie Perrotin a invité six artistes à concevoir des oeuvres d’après l’inspiration du peintre, afin de lui rendre hommage. Danielle Orchard, dont l’oeuvre est habitée par la relecture du nu féminin de la peinture moderne, reprend ici le motif caractéristique de la jeune fille au chat – tout comme le proposent, dans son style naïf et non dénué de connotations sexualisées, l’artiste coréenne GaHee Park, Klara Kristalova avec ses céramiques félines, ou encore Charles Hascoët. Laurent Grasso prolonge quant à lui sa série Studies Into the Past en peignant des yeux qui ont vu Balthus, d’après Le Portrait de Miró.

Vue de l'exposition "Dans la tête de Balthus", sous le commissariat d'Edwart Vignot et Isotta Bosi, à Perrotin Matignon 8, Paris, 2023. Photo: Nicolas Brasseur. ©ADAGP 2023. Courtesy of all the artists and Perrotin.

Au début des années 1960, il est nommé à la direction de la Villa Médicis qu’il rénove, peint (La Chambre turque) et dans laquelle il dessine et photographie ses modèles. Il y organise des expositions de ses maîtres (Courbet en 1969) et amis (Giacometti, 1970) et contribue, comme Ingres ou Vernet avant lui, à la formation d’une nouvelle génération d’artistes. La reconstitution de la chambre-turque pour l’exposition est autant celle d’un espace représenté et habité par l’artiste que la period-room d’un lieu emblématique de l’Académie de France, aujourd’hui résidence de jeunes artistes contemporains.

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