Cette œuvre unique de Johan Creten est un bel exemple de l’emblématique série des "Odore di Femmina". Cette céramique est inspirée de l’Opéra de Mozart "Don Giovanni", elle embrasse séduction et subversion, mettant en exergue la complexité des relations humaines.
« Sur les torses de Creten, recouverts de roses, l’odeur devient une référence distante ; une sensation qui fait allusion par métonymie au déplacement et à la substitution. La chaleureuse fragrance de fleurs se transforme en l’éclat métallique de la céramique ; le flot enveloppant de leur parfum est suggéré par les ondulations organiques des pétales de jour. L’odeur est absente de son travail, mais Johan Creten la reconstruit à travers un jeu délicat et maléfique d’associations.
Creten est attiré par le subtil, le pouvoir éthéré des odeurs, mais il se délecte aussi du plaisir physique de submerger ses mains de terre et de la transformer en sculpture. Il aime le facteur incertain de la cuisson sur la couleur des émaux. Il adore ces masses sans tête, mains ou pieds ; ils ne sont rien que des corps recouverts de fleurs. Il exploite toutes les connotations de la libération sensuelle cachées par le mot « corps » en construisant un block solide, une capsule de chair, de sensations et d’odeurs. Ces œuvres sont fragiles et lourdes, apparemment délicate mais potentiellement dangereuse si l’on se laissait tenter à les enlacer. Elles sont comme quelqu’un qui respire, comme la vie qui nous attire les uns vers les autres ou nous éloigne, comme cette sensation indéfinissable d’un arôme qui permet une approche ou enjoint au départ. Elles obligent à un voyage sans itinéraire à travers l’importance des sentiments. » - Rosa Martinez